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Des courtisans aux partisans,
de S.Thion et J.C.Pomonti, 1971

VI. LE TRIOMPHE DES PHILISTINS

1. "Manifeste du comité des intellectuels pour le soutien
du gouvernement de sauvetage"

Le "Comité des Intellectuels pour le Soutien du Gouvernement de Sauvetage" vient d'être créé. Il groupe plus d'un million de membres comportant des jeunes, élèves, étudiants, enseignants, professeurs, universitaires, techniciens, artistes, écrivains, poètes, médecins, pharmaciens, ingénieurs, etc.

Nous publions ci-après le texte intégral du premier manifeste du Comité de nos intellectuels:

Pour la première fois dans l'Histoire du Cambodge, par la volonté du peuple,

par le vote unanime des deux Chambres et par la politique de sauvetage national du Gouvernement, le DESPOTISME, L'ARBITRAIRE et la TERREUR engendrés par le REGIME du pouvoir PERSONNEL ont été abolis le 18 mars 1970, à 13 heures!

La déchéance de NORODOM SIHANOUK, dernière incarnation de la féodalité perverse, sanguinaire et antinationale, est acclamée avec une joie immense par toutes les couches sociales. Paysans, travailleurs, commerçants, élèves, étudiants, professeurs, fonctionnaires, bonzes, militaires, artistes et intellectuels... la NATION tout entière salue la destitution de ce sinistre tyran, comme une véritable LIBERATION DU PEUPLE KHMER.

Pourtant, par sa sensibilité, son tempérament et son souci de préserver l'unité nationale devant les menaces extérieures, le peuple cambodgien a longtemps toléré SIHANOUK avec ses erreurs, ses grossièretés et ses infantilismes Malheureusement, [336] poussé par sa nature foncièrement vicieuse, rongé par sa soif insatiable du pouvoir absolu, aveuglé par sa folie de la Grandeur, et emprisonné dans ses conditions économiques, politiques et sociales, cet ancien Roi déguisé en Chef d'Etat pour mieux tromper le peuple, s'est rendu coupable du crime de haute trahison envers la Nation, pour avoir:

--transformé systématiquement l'Etat du Cambodge en sa propriété privée et familiale

--ruiné l'économie du pays,

--assassiné l'Âme, la Conscience et la Vitalité khmères,

--mis à genoux tout un peuple qu'il a sciemment plongé dans les querelles intestines, et englouti dans un désespoir collectif sans fin

--substitué aux valeurs fondamentales des Khmers basées sur le Bon, le Juste et le Vrai, les pires défauts, à savoir: le mensonge, l'injustice, le vol, la corruption, la pourriture, la méchanceté, la haine, la vengeance, le morbide, le sadique, la bassesse et le déshonneur

--mystifié les faibles et les désespérés par le culte du "PERE UNIVERSEL ET INFAILLIBLE".

En particulier, le crime le plus ignoble de SIHANOUK, que la Nation khmère ne lui pardonnera jamais, c'est son entreprise vénale consciemment ourdie et menée par lui-même, sa famille et ses complices, pour:

--louer ou vendre des portions de territoire cambodgien aux envahisseurs viêtcong,

--leur faciliter le transit des armes et des munitions.

Et cela, pour enrichir sa cassette personnelle et sauver son pouvoir branlant! Il a pu se livrer à une opération aussi honteuse, en abusant de la confiance de son peuple, et en usant de son autorité de Chef d'Etat que les Parlements lui ont conférée. NORODOM SIHANOUK a vendu ainsi le pays des Khmers aux Viêtcong, pour leur argent et leur appui.

En effet, déjà cet ancien Roi, effrayé par les éléments patriotiques et antimonarchistes du KAMBUJA KROM, a délibérément sous le couvert de sa "haute politique de reconnaissance dé nos frontières actuelles n, abandonné aux Viêtnamiens ce territoire khmer de Cochinchine. Puis, rapace comme certains de ses ancêtres, Rois de Lovek, préférant sa richesse personnelle à sa patrie SIHANOUK a permis aux Viêtcong d'utiliser leur argent, qui lui-même provient d'aides de la gauche progressiste internationale, pour acheter les consciences et corrompre la structure politique et administrative du Cambodge.

[337]

D'autre part, s'aveuglant dans son immoralité congénitale, SIHANOUK s'est toujours vanté de sa mentalité tortueuse comme l'essence même de sa "très haute diplomatie" inspirée selon les circonstances. Se délectant de son langage grossier que ses proches encensaient comme la fleur de la Réthorique (sic), ce "Chef d'Etat" versatile et irascible, a mis tout son honneur à régler les rapports internationaux sur la base de sa vulgarité et de son manque d'éducation. Pour tout vernis, SIHANOUK n'a que son complexe d'infériorité qu'il a vainement érigé en un culte éhonté de son MOI qu'aucun sens du ridicule n'a jamais pu arrêter.

C'est ainsi qu'à l'image de sa personnalité perverse et infantile sa politique extérieure a réussi, en fait, à aliéner les sympathies et les appuis de la plupart des nations étrangères à l'égard de notre pays. Alors, acculé par ses méfaits et ses échecs, démasqué à l'intérieur et à l'extérieur, effrayé par la colère grandissante de son peuple, NORODOM SIHANOUK n'a pas hésité à troquer la Terre khmère contre l'argent et l'aide de nos ennemis, afin de sauvegarder sa personne, sa famille et son trône.

Maintenant qu'il est condamné, destitué et banni par toute la Nation, ce "PERE omniscient et omniprésent" a montré son véritable visage en étalant, aux yeux du monde entier, sa rage et sa haine contre son pays. Par la voix de RADIO-PEKIN, il a proféré des insultes contre sa Patrie, et menacé de couper la tête à tous les vrais patriotes qu'il n'a pas encore pu assassiner. En faisant appel aux forces étrangères pour venir massacrer les Cambodgiens, ses frères de sang et de race, afin de lui restituer son pouvoir personnel, SIHANOUK a donné la preuve la plus éclatante de sa trahison. Avec toute sa perfidie et son art de l'hypocrisie, il a essayé de tromper l'opinion internationale comme il a eu si souvent l'habitude de le faire, à l'aide d'une terminologie gauchisante. Et cela, afin de donner une caution "légale" à l'invasion et à l'occupation du Cambodge par les Viêtcong.

En commettant le dernier acte de ce crime monstrueux contre sa propre Nation, NORODOM SIHANOUK s'est conduit exactement comme le fidèle continuateur des anciens Rois décadents certains de ses ancêtres et prédécesseurs prêts à faire appel aux étrangers: siamois, annamites, mercenaires et colonialistes de tout bord, contre leurs propres compatriotes, et vendre ainsi le pays au prix du sang et de la misère du peuple, au seul bénéfice de leur couronne.

Devant ces trahisons successives devenues presque hérédi [338] taires de la monarchie qui a entraîné dans sa décadence celle du Cambodge

Devant les crimes de NORODOM SIHANOUK dont la rapacité, la folie de la Grandeur et la traîtrise risqueraient de perdre à jamais notre patrimoine culturel et territorial,

Devant le danger national provoqué par l'invasion des Viêtcong qui continuent l'oeuvre centenaire des Viêtnamiens pour occuper le reste des Terres Khmères,

Et faisant face à cette collusion vénale, féodale et impérialiste entre la monarchie cambodgienne décadente, les envahisseurs Viêtcong et les interventionnistes soutenant l'épave SIHANOUK dont le nom restera pour toujours synonyme de corruption et d'oppression du peuple khmer,

LA NATION tout entière, avec ses masses populaires, son clergé, son Armée, ses Parlements et son Gouvernement, se dresse unanime, pour protester contre les Viêtcong, et débarrasser le pays de la dictature sanguinaire, antinationale et antipopulaire de cet imposteur NORODOM SIHANOUK!

A ce soulèvement général et libérateur, participent non seulement les jeunes, les élèves, les étudiants, les enseignants, les professeurs, les universitaires et les techniciens, mais encore toute l'élite intellectuelle: artistes, écrivains, poètes, médecins, pharmaciens, ingénieurs, etc. Et afin d'exprimer concrètement et efficacement leur adhésion totale et enthousiaste, un COMITE s'est constitué sous le nom de:

"COMITE DES INTELLECTUELS POUR LE SOUTIEN DU GOUVERNEMENT DE SAUVETAGE NATIONAL."

Par ce présent MANIFESTE, le COMITE DES INTELLECTUELS apporte sa première contribution énoncée en cinq points suivants:

1· Le COMITE DES INTELLECTUELS salue comme une véritable LIBERATION NATIONALE, la décision des deux Parlements de destituer NORODOM SIHANOUK de ses fonctions de Chef de l'Etat, et adresse toute sa gratitude au Gouvernement de sauvetage et à l'Armée dans leur noble mission historique de sauvegarder cette victoire du peuple khmer.

2· Le COMITE DES INTELLECTUELS demande une mise en accusation permanente de NORODOM SIHANOUK, pour crime de haute trahison, afin de le mettre hors d'état de nuire, et de déraciner à jamais le SIHANOUK. Il condamne en outre toute tentative intérieure ou extérieure d'aider le traître SIHANOUK par quelque moyen que ce soit, comme étant dirigée contre [339] le peuple khmer tout entier, et comme contraire à tous les principes moraux de n'importe quelle idéologie!

3· Le COMITE DES INTELLECTUELS dénonce les Viêtcong comme agresseurs dans leurs tentatives d'envahir et d'occuper le Cambodge,

--leur manque de parole dans l'observance des accords entre pays amis,

--leur procédé indigne d'utiliser l'argent pour corrompre les cadres khmers

--leur soutien passé et présent au tyran SIHANOUK pour l'aider à massacrer froidement, après les avoir maquillés en rouge et en bleu, des patriotes progressistes

Que tous ces coups bas honteux et immoraux démasquent leurs auteurs, les Viêtcong! Leur hypocrisie nuisible à l'amitié des peuples, même sous le couvert d'une idéologie, ne pourra plus tromper l'opinion internationale en faisant croire que leur lutte est essentiellement dirigée contre l'impérialisme américain alors qu'en réa! ité, elle est aussi et sournoisement menée contre les Cambodgiens de Cochinchine et du Cambodge.

LE COMITE DES INTELLECTUELS regrette amèrement qu'au lieu de remercier le Gouvernement Khmer de leur avoir, par humanisme, facilité des accords commerciaux, les Viêtcong en ont au contraire profité pour annexer nos territoires et s'immiscer dangereusement dans notre politique intérieure.

4· LE COMITE DES INTELLECTUELS apporte un soutien moral spirituel et technique au Gouvernement de sauvetage présidé par SON EXCELLENCE LE GENERAL LON NOL. Il appuie toutes les mesures prises par ce Gouvernement afin:

--d'empêcher toute restauration du Pouvoir Personnel

--de s'opposer aux Viêtcong par tous les moyens: diplomatiques, politiques et militaires

--d'oeuvrer pour l'union et la concorde de tous les Khmers en vue de promouvoir, par une éducation intensive de la démocratie et par des institutions populaires, une politique, une économie et une culture vraiment nationales.

5· LE COMITE DES INTELLECTUELS demande l'abolition du REGIME MONARCHIQUE qui s'est révélé incapable de défendre le patrimoine culturel et territorial khmer. Cette monarchie pourrie et décadente a fait sombrer de falsification en falsification, de défaite en défaite, de trahison en trahison, la. culture et la civilisation Khmères dans un état lamentable et ridicule à l'image démentielle d'une seule personne dépravée dénationalisée.

[340]

La conservation de ce Régime rétrograde et anachronique qu'est la monarchie cambodgienne, laquelle pour contenir le mécontentement populaire a depuis toujours entrepris de dénaturer la pensée, le langage et la vitalité Khmers, ne manquerait pas d'engendrer, à nouveau, une autre dictature personnelle plus sanguinaire et plus féroce que jamais.

Tout en exprimant son admiration et sa gratitude aux PRINCES ECLAIRES dont le patriotisme et le noble idéal démocratique seront toujours appréciés par le peuple et la Nation, LE COMITE DES INTELLECTUELS estime cependant que:

LE SALUT NATIONAL, pour un Cambodge asservi, amoindri et humilié par des millénaires d'absolutisme, d'arbitraire et de tyrannie, ne peut être trouvé que dans la TRANSFORMATION RADICALE DU ROYAUME DU CAMBODGE en une REPUBLIQUE KHMERE. Seule une nouvelle structure de l'Etat du Cambodge, sous sa forme républicaine avec un idéal de LIBERTE, de JUSTICE et de PROGRES pourrait:

--donner un sens valable à tout effort d'édification nationale,

--allumer une nouvelle flamme d'enthousiasme collectif et

--insuffler sur les forces vives de la Patrie un véritable Espoir.

IDEAL, ENTHOUSIASME ET ESPERANCE, tels sont les ferments nécessaires pour déclencher une adhésion massive et soulever une gigantesque lame de fond canalisant une immense volonté populaire, ferme et continue: une flamme sacrée, la seule capable de lutter contre les envahisseurs et les interventionnistes étrangers, et de réussir dans tous les sacrifices pour le BONHEUR DE LA NATION!

VIVE LE KAMBUJA, LE PAYS DES HOMMES LIBRES

Phnom Penh, le 28 mars 1970.

Bulletin de l'A. K. P., 1er avril 1970.

2. "Sihanouk, ou la négation de la culture"

par P. Littaye Suon

Un des traits de son caractère qui explique le mieux le comportement de Sihanouk au temps de sa dictature, c'est l'absence totale de culture générale qui faisait de lui l'un des leaders les plus ignares de notre époque. L'ignorance crasse de Sihanouk, cet homme qui dans toute son existence n'a jamais rien lu [341] d'autre que les coupures de presse qui parlaient de lui, échappait cependant à certains visiteurs étrangers qui se laissèrent abuser par sa prolixité Notre tyran, en effet, est extrêmement bavard comme chacun sait; mais ses propos intarissables étaient surtout destinés à camoufler la vacuité de son esprit. Sa tactique habituelle a toujours consisté à ne jamais laisser ses interlocuteurs placer une seule parole. Une conversation avec Sihanouk ne pouvait être qu'un monologue, et il n'en a d'ailleurs jamais été autrement. L'explication à ce sujet est fort simple: il fallait empêcher à tout prix les interlocuteurs d'orienter la conversation vers des sujets où l'ignorance de Sihanouk serait apparue dans toute son immensité.

C'est pourquoi le registre des sujets abordés par Sihanouk dans ses bavardages avec des étrangers, comme dans ses discours à la radio, a toujours été très limité, conformément à son indigence intellectuelle. Car de quoi notre homme était-il capable de parler, sinon de cuisine et de cinéma puisque toute son érudition s'arrêtait là. Nous avons ainsi été régentés pendant quinze ans par un "Leader" totalement inculte ne possédant pas une once de ce qui fait "l'honnête homme", et qui en plus n'admettait pas qu'aucune intelligence puisse s'affirmer dans le pays. On comprend ainsi pourquoi Sihanouk manifestait une hostilité si violente envers nos intellectuels et diplômés, et d'une manière générale envers tous ceux qui possédaient la culture e, ou simplement le bon sens dont il a toujours été complètement dépourvu.

Le régime qu'il nous avait imposé a donc été, sur le plan de l'esprit, celui de l'ignorance triomphante et de l'abêtissement systématique. En même temps, Sihanouk étalait en toute circonstance la plus affligeante vulgarité, comme on l'a si bien vu ces dernières années avec ses lamentables productions cinématographiques et avec une certaine revue soi-disant humoristique, dont il choisissait lui-même toutes les photos selon les critères d'un érotisme de bas étage [Note de l'auteur: Allusion à la revue Phseng Phseng, qui reproduisait souvent des pages tirées de revues illustrées étrangères.].

Ce régime a ainsi été une perpétuelle offense à notre culture et aux valeurs traditionnelles qui font la richesse de la civilisation khmère. Là encore il était temps que cette désastreuse dictature de Sihanouk prenne fin.

Quant à nous, aujourd'hui définitivement libérés de l'emprise maléfique de ce despote inculte, nous souhaitons à ses hôtes [342] actuels de ne pas regretter bientôt de l'avoir accueilli. Car ils risquent eux-mêmes de se dégrader intellectuellement au contact de Sihanouk à moins qu'ils ne réussissent à l'"éduquer" dans le sens voulu. Ce qu'ils ont déjà commencé à faire, semble-t-il, si l'on en juge par la phraséologie employée aujourd'hui en toute circonstance par leur protégé, qui après avoir été pendant des années un "play boy" et un histrion est devenu maintenant un perroquet docile, la voix de ses maîtres.

Cambodge, quotidien, éditorial du 30 avril 1970.

3. "De l'application de la loi martiale"

par Leng Sarinn

Nous venons d'apprendre avec satisfaction que la loi martiale annoncée entre effectivement en vigueur à compter de ce jour 1er juin 1970.

Nous nous permettons d'adresser au Gouvernement de Sauvetage nos très vives félicitations.

Nous avons entendu à la radio la lecture du décret que le Gouvernement Lon Nol a élaboré à cet effet.

Ce texte est excellent, mais il nous a paru quelque peu timide, si, du moins, la connaissance que nous en avons est complète.

En effet, la loi martiale prévoit et réprime d'une manière particulièrement sévère, par l'organe du Tribunal militaire, diverses infractions contre la sécurité de la nation et danger et l'ordre public qu'elle qualifie de crimes.

C'est parfait. Mais est-ce suffisant?

Nous pensons que l'application de la loi martiale risque de se heurter à de grandes difficultés d'ordre pratique susceptibles d'en paralyser les effets.

Ces difficultés sont de deux ordres, nous semble-t-il:

Il y a le problème de la preuve et celui des fonctionnaires chargés de collaborer à l'application de la loi martiale.

1· Le problème de la preuve.

La preuve de beaucoup de crimes punis par la loi martiale est très difficile, sinon impossible à apporter.

Presque toujours, en matière de concussion ou de corruption, d'écoute des ém1issions de radios ennemies et souvent en matière de trahison, d'espionna~e, de complicité avec l'ennemi, il n'existe [343] pas de preuves proprement dites, telles que les crimes flagrants, les pièces à conviction, les aveux circonstanciés, les documents.

Pour de telles infractions, il est probable que la poursuite reposera, en bien des cas, sur des dénonciations non probantes et même contestables.

Il s'ensuit qu'il nous paraît nécessaire de créer, en vue d'une bonne et juste application de la loi martiale, un système de preuves différent.

A notre avis, le Gouvernement de Sauvetage doit admettre les preuves par présomptions légales, irréfragables ou non.

Lorsque ces présomptions existent et que l'inculpé ne peut les détruire, sa culpabilité sera considérée comme établie et le tribunal militaire pourra prononcer sa condamnation.

Prenons des exemples concrets.

Certains individus n'hésitent pas à dire que personne ne peut le savoir quand ils écoutent Radio-Pékin, parce qu'ils appliquent contre leur oreille le transistor de poche, le son réduit au maximum, de sorte que le policier qui se trouve à un mètre d'eux ne peut rien entendre.

Comment faire pour que la loi martiale puisse s'appliquer à cette catégorie de criminels?

Créer un système de présomptions légales qui, si elles se trouvent réunies et si l'inculpé ne peut les réfuter, constituent "ipso facto" la preuve de sa culpabilité.

Il pourrait être décrété, par exemple:

Est présumé coupable d'avoir écouté la radio ennemie, tout individu ou groupe d'individus qui fait fonctionner un poste récepteur quelconque en réglant le son assez bas pour que personne d'autre qu'eux ne puissent entendre l'émission.

Ou bien

Est présumé coupable d'avoir écouté la radio ennemie, soit directement soit par personnes interposées, et de se livrer à une propagande subversive (sic) tout individu ou groupe d'individus qui révèle, répète ou reproduit, totalement ou partiellement, verbalement ou par écrit, des informations diffusées par la radio ennemie, à moins que ces informations n'aient été préalablement communiquées par les services d'information et les organes de presse de Phnom Penh.

Il va de soi que les agents des services officiels d'information et les collaborateurs des journaux nationaux doivent être autorisés à entendre les émissions de la radio ennemie en vue de pouvoir réfuter et détruire les inepties et les mensonges qu'elle débite à longueur de journée.

De même en ce qui concerne les actes de corruption et de concussion commis par certains fonctionnaires, il faut bien se rendre compte qu'il n'y a pratiquement jamais de plaignant, pour la simple raison que ces corrupteurs et les corrompus s'entendent comme des larrons. Par contrecoup, toute possibilité de crime flagrant et de preuve matérielle directe est complètement exclue.

Pour que la loi martiale puisse s'appliquer à ce genre de délinquants, on pourrait, par exemple, décréter:

Tout agent de l'administration est présumé coupable de corruption, et cette présomption est irréfragable si les deux conditions suivantes se trouvent réunies:

-- L'agent possède un patrimoine mobilier et immobilier tant au Cambodge qu'à l'Etranger d'une valeur nettement supérieure au patrimoine dont il peut justifier l'existence (économies, héritages, biens provenant d'un mariage, etc.)

-- L'agent a pris une décision illégale et injuste qu'il n'a ni le droit ni le pouvoir de prendre, ou n'a pas pris une décision qu'il avait le devoir et le pouvoir de prendre.

Ainsi, du temps de Sihanouk, certains fonctionnaires ont arrêté, à maintes reprises, l'exécution des décisions de justice définitives par ordres verbaux donnés à l'huissier, alors qu'ils n'avaient ni le droit ni le pouvoir de le faire.

Un tel acte devrait suffire à constituer la preuve de l'infraction, sans qu'il y ait lieu de rechercher si le fonctionnaire a perçu une somme d'argent, le fait étant impossible à prouver.

Enfin, pour ce qui est des actes de trahison et d'espionnage, il existe une situation particulière qui mériterait de retenir l'attention vigilante du Gouvernement de Sauvetage.

C'est le cas des parents des traîtres qui continuent à résider au Cambodge.

Beaucoup sont sincères et désapprouvent les agissements criminels de leurs fils, de leurs frères, de leurs pères ou de leurs maris.

Par contre, malheureusement, certains se sont ralliés au Gouvernement de Sauvetage uniquement pour pouvoir préserver leurs biens et ceux de leur famille.

Parfois, quelques-uns vont jusqu'à servir d'agent de liaison, de boîtes aux lettres, d'informateur et de propagandiste de la subversion.

N'y aurait-il pas lieu d'ériger en présomption irréfragable de trahison le fait, pour tout parent de traître, vivant au Cam[345]bodge, d'avoir quelque rapport que ce soit avec le traître ou avec les complices du traître, par l'intermédiaire de qui que ce soit, y compris par le truchement direct ou indirect avec les ambassades qui sympathisent avec la cause de Sihanouk et de l'ennemi?

Cambodge, quotidien, éditorial du 1er juin 1970.

[346]

VII. SIHANOUK JUSTIFIE SON NOUVEAU COMBAT

1. Déclaration du 21 mars

Il n'est absolument pas dans mes intentions de chercher à retrouver le pouvoir que j'ai en fait perdu ni à conserver le titre, devenu dérisoire, de chef de l'Etat du Cambodge.

J'affirme devant le monde entier et je jure devant mon peuple que, après la chute, qui sera inévitable dans un proche avenir, de la clique des réactionnaires d'extrême-droite, laquais des Américains, je remettrai sans délai ma démission au Peuple khmer, lequel, définitivement libéré de l'oppression des bourgeois et des princes félons et de leurs maîtres américains, aura alors la possibilité et l'entière liberté de doter notre Cambodge bien-aimé d'un régime qui prenne vraiment sa racine dans le peuple, c'est-à-dire dans la masse des paysans, des ouvriers, des autres travailleurs et des jeunes intellectuels.

Oui, désormais j'appartiens au passé et je le sais. En 1955, j'avais juré que je ne remonterais plus jamais sur le trône.

J'ai toujours respecté mon serment, même dans les meilleurs moments de ma popularité, au milieu d'une nation désirant ardemment me faire retrouver la couronne royale.

Aujourd'hui, je me rends parfaitement Compte, eu égard à la fulgurante évolution spirituelle et idéologique de l'humanité et des jeunes générations dans tous les pays, que moi-même et mes vieux collaborateurs, en commençant par les gens qui occupent le gouvernement et le Parlement de Phnom Penh, n'aurons ni notre place ni aucune utilité dans la société de demain.

Il est donc nécessaire, pour les nouveaux et rapides progrès de notre pays dans tous les domaines, pour la consolidation de son indépendance dans son intégrité territoriale et ses frontières actuelles, pour une justice sociale complète et une dignité na[347]tionale sans tache, de faire place nette pour ceux à qui devra normalement revenir l'honneur d'assumer seuls le destin de la patrie dans le concert des nations progressistes.

Notre peuple et notre jeunesse peuvent être sûrs que je les aiderai de toutes mes forces à installer chez nous ce pouvoir nouveau, sans passé et pur, d'où moi-même je serai totalement exclu.

Mon présent et légal maintien à la tête de l'Etat khmer n'est donc pas une question d'intérêt ou d'ambition personnelle.

Je fais de nouveau, devant la nation, le serment d'abandonner la magistrature suprême dès que le pouvoir de notre peuple et de notre jeunesse pourra s'installer solidement et définitivement à Phnom Penh.

Mais étant donné le coup d'Etat perpétré cyniquement par l'extrême-droite, qui met le pays et la nation en coupe réglée, qui opprime le peuple et mène la nation vers la guerre et le reniement de son indépendance au profit des impérialistes américains, mon devoir est de participer à la lutte sacrée que va mener notre peuple, de l'extérieur comme de l'intérieur du pays, pour effacer ce coup d'Etat, rétablir la légalité et la démocratie.

Ce devoir que j'accomplirai sans défaillance jusqu'à la victoire, jusqu'à ma mort, est un devoir sacré peur tous les Khmers dignes de ce nom.

2. Déclaration du 15 avril (à la presse)

Vous avez consacré au "problème cambodgien", né du coup d'Etat du 19 mars 1970 à Phnom Penh, des articles de fond qui m'ont intéressé. A cet égard, permettez-moi de vous donner les précisions suivantes me concernant:

Il n'est pas et il ne sera pas question pour moi de chercher à "reconquérir" le pouvoir. Je suis très conscient que Sihanouk "a fait son temps" et qu'il trahirait les intérêts supérieurs de son peuple et de son pays si, après l'éviction du pouvoir de la bande de Lon Nol, il devait mener la nation vers la même impasse due à l'impossible compromis entre le socialisme et le capitalisme, entre le progressisme et la réaction.

C'était cette impasse qui avait rejeté les "sihanoukistes" de gauche dans le maquis et qui a permis l'installation à Phnom Penh de la dictature des réactionnaires "lonnoliens".

[348]

L'échec de mon "socialisme bouddhique" est indéniable quand il n'a pas pu résoudre les problèmes vitaux de la corruption, du chômage, d'un nombre sans cesse croissant, non pas des "intellectuels" et de "haut diplômés" comme le prétendent certains journalistes, mais de jeunes "semi-intellectuels" et de la justice sociale.

Certes, dans la lutte que je suis déterminé à mener jusqu'à son terme (ou tout au moins jusqu'à ma mort éventuelle dans le maquis où je m'intégrerai dans quelque temps), je poursuis, entre autres, un but d'ordre personnel.

Mais il ne s'agit pour moi ni de retrouver une fortune que je n'ai jamais possédée, ni un pouvoir qui m'a donné plus de déboires que de satisfactions, ni même une popularité devenue sans importance pour un bouddhiste s'acheminant vers la vieillesse et la mort.

S'il faut à tout prix rechercher dans ma lutte un motif personnel, je dirai que je veux me venger d'avoir été aussi lâchement, aussi bassement, aussi méchamment calomnié, injurié et humilié par mes ennemis de l'extrême-droite.

Je ne sais pas accepter l'injustice, et c'est pour me faire rendre justice et honneur que je lutte et lutterai sans esprit de recul contre la bande de Lon Nol.

Celle-ci m'aurait enlevé simplement le pouvoir tout en se gardant de me traîner dans la boue, que je me serais probablement contenté d'un paisible exil en France.

Mais, désormais, je suis engagé d'une façon irréversible dans le combat. A ce combat je donne un sens élevé. Je veux le mener avec mes partisans et avec notre jeunesse progressiste pour amener cette jeunesse au pouvoir et lui permettre ainsi le réaliser son rêve de justice sociale et de socialisme (le socalisme tel qu'on l'entend dans les grands pays socialistes).

Si certains de mes partisans et des autres compatriotes qui s'engagent ou s'engageront dans ce combat doivent un jour y "laisser leur peau", ce ne sera donc pas pour rétablir Sihanouk au pouvoir ou lui permettre de se réhabiliter, mais bien pour une cause plus valable, celle du peuple khmer tout entier.

Certains journaux occidentaux croient devoir m'avertir qu'après notre "éventuelle victoire", j'aurais à "payer le prix" de leur soutien à mes redoutables alliés communistes (en l'occurrence la République populaire de Chine et le Viêt-Nam socialiste).

Cet avertissement est absolument inutile et n'a même Pas de raison d'être, car, je le répète encore, ce n'est pas pour réta [349] blir le statu quo ante du "sihanoukisme" que j'engage la présente lutte.

Cette lutte se fixe comme unique objectif d'offrir au Cambodge un régime socialiste populaire dont les dirigeants seront, d'un part, des jeunes nationalistes progressistes et, d'autre part des communistes. Ce Cambodge socialiste n'aura rien à redouter, et pour cause, de ses grands voisins.

Quant à ma "vengeance" personnelle, elle trouvera sa plein satisfaction dans la prise du pouvoir de notre gauche et extrême gauche, et dans l'élimination d'une droite et d'une extrême droite d'autant plus odieuses qu'elles ont eu et ont la lâcheté et la bassesse de m'attribuer leurs propres "péchés d'Israël" et toute la responsabilité des échecs socio- économiques dot elles-mêmes furent les principaux artisans.

VIII. L'UNION CONTRE L'IMPERIALISME

1. "Déclaration commune de la conférence au sommet
des peuples indochinois"

La Conférence au sommet des peuples indochinois s'est tenue dans une localité de la région frontalière Laos-Viêt-Nam- Chine, du 24 au 25 avril 1970 sur l'initiative de Samdech Norodom Sihanouk, chef de l'Etat du Cambodge et Président du Front Uni National du Kampuchéa. Les trois peuples d'Indochine y sont représentés par quatre délégations:

- celle du peuple cambodgien conduite par Samdech Norodom Sihanouk, Chef de l'Etat du Cambodge, Président du Front Uni du Kampuchéa;

- celle du peuple lao conduite par son altesse le prince Souphanouvong, Président du Front Patriotique Lao;

- celle du peuple de la République du Sud Viêt-Nam conduite par Nguyên Huu Tho, Président du praesidium du Comité Central du Front National de libération du Sud Viêt-Nam, Président du Conseil des Sages du Gouvernement Révolutionnaire Provisoire de la République du Sud Viêt-Nam;

- celle du peuple de la République Démocratique du Viêt-Nam conduite par Pham Van Dong, Premier ministre du gouvernement de la République Démocratique du Viêt-Nam.

La conférence, après échanges de vues, est arrivée à une appréciation unanime sur la situation actuelle en Indochine et sur la lutte des trois peuples indochinois contre l'ennemi commun, les impérialistes américains agresseurs et leurs laquais.

Les trois peuples du Cambodge, du Laos et du Viêt-Nam vivent ensemble sur la péninsule indochinoise; depuis longtemps, des relations amicales les unissent étroitement. Après de longues années de lutte héroïque contre les colonialistes français et les interventionnistes américains, ils ont conquis l'indépendance, [351] la souveraineté, l'unité, et l'intégrité territoriale. Ces droits nationaux ont été reconnus et garantis par les accords de Genève de 1954.

Au cours des quinze dernières années, dans l'espoir de réaliser leur rêve d'hégémonie mondiale, les impérialistes américains ont tenté de faire des pays indochinois des colonies d'un type nouveau et des bases militaires, en vue d'exploiter les peuples d'Indochine, de liquider le mouvement de libération nationale en Indochine et dans le Sud-Est asiatique et de s'opposer aux pays socialistes et aux autres pays indépendants en Asie.

Ils ont bafoué impudemment les aspirations à l'indépendance, à la paix et à la neutralité des peuples du Cambodge, du Laos et du Sud Viêt-Nam, violé grossièrement la souveraineté et la sécurité de la République Démocratique du Viêt-Nam, saboté systématiquement les accords de Genève de 1954 sur l'Indochine et ceux de 1962 sur le Laos et font peser une grave menace sur la paix et la sécurité dans le Sud-Est asiatique et dans le monde.

Ils ont déclenché une "guerre locale" des plus barbares contre le peuple viêtnamien, provoqué une "guerre spéciale" atroce contre le peuple lao, et multiplié leurs manoeuvres perfides d'encerclement, de provocation et de subversion à l'encontre du Cambodge. Ils ont perpétré des crimes d'une barbarie inouïe sur la péninsule indochinoise.

L'impérialisme américain est un véritable néo-fascisme, c'est le gendarme international, l'ennemi le plus cruel et le plus dangereux des peuples indochinois et de l'humanité.

Face à cet ennemi commun, les peuples d'Indochine ont combattu côte à côte pour défendre leurs droits nationaux sacrés.

Sous la direction de son chef d'Etat Samdech Norodom Sihanouk, le peuple khmer a mis en échec toutes les manoeuvres d'encerclement, de provocation et de subversion des impérialistes américains au Cambodge et, de ce fait, a déjoué leurs plans visant à établir un système de bases militaires allant du Sud Viêt-Nam à la Thaïlande, englobant le Laos et le Cambodge. Pendant ces quinze dernières années, le peuple khmer a pu sauvegarder un Cambodge indépendant, pacifique et neutre, et consacrer ses forces à l'édification d'une économie indépendante et à l'épanouissement de sa culture nationale. Le prestige du Cambodge indépendant, pacifique et neutre, n'a cessé de se rehausser dans l'arène internationale.

Sous la direction du Front patriotique lao ayant à sa tête Son Altesse le prince Souphanouvong, le peuple lao est en train de mettre en échec la "guerre spéciale" U. S. et les attaques [352] d'empiétement des valets des Etats-Unis: il a édifié une zone libérée qui se consolide de jour en jour. Il a mené une lutte vaillante et tenace pour préserver les accords de Genève de 1962 contre les impérialistes américains agresseurs et leurs laquais qui, camouflés derrière une façade d'indépendance et de neutralité, trahissent les intérêts supérieurs du peuple lao: il avance à pas assurés sur la voie de l'édification d'un Laos vraiment pacifique, indépendant, neutre, démocratique, unifié et prospère.

Répondant à l'appel sacré à la résistance contre l'agression américaine pour le salut national lancé par le Président Hô Chi Minh vénéré, le peuple viêtnamien a combattu dans l'union et remporté de grandes victoires dans sa lutte pour libérer le Sud du pays, défendre le Nord et progresser vers la réunification pacifique de la patrie. Sous le glorieux drapeau du Front National de Libération, la population du Sud Viêt-Nam a mis en échec la "guerre spéciale" et est en train de défaire la "guerre locale" extrêmement féroce que mènent les Etats-Unis et leurs laquais. La population du Nord, unie au sein du Front de'la Patrie, a mis en échec la guerre de destruction américaine tout en poursuivant avec succès l'édification du socialisme et en remplissant toutes les obligations qui incombent au "grand arrière" vis-à-vis du "grand front" héroïque.

Les brillantes victoires des trois peuples indochinois ont brisé l'arrogance des impérialistes américains, le chef de file de l'impérialisme, l'ennemi le plus féroce de toute l'humanité, leur causant d'énormes difficultés aux Etats-Unis et dans le monde. Elles ont prouvé qu'avec toute leur force brutale, les impérialistes américains n'en sont pas moins battus lorsqu'ils portent atteinte au droit sacré à la vie d'un peuple uni et déterminé à combattre jusqu'au bout pour l'indépendance et la liberté de sa patrie. Elles constituent une contribution importante et un grand encouragement à la lutte des peuples du monde pour l'indépendance et la paix.

Ces victoires, des plus importantes, des plus glorieuses, sont celles de l'ardent patriotisme, de l'esprit de lutte indomptable des trois peuples d'Indochine qui possèdent chacun une glorieuse histoire de lutte contre l'invasion étrangère et une civilisation plus que millénaire et brillante. Ce sont des victoires de la ligne juste et clairvoyante préconisée par les dirigeants estimés des peuples du Cambodge, du Laos et du Viêt-Nam. Ce sont des victoires de l'amitié fraternelle et de la solidarité de combat entre les trois peuples, amitié et fraternité qui ont [353] surmonté bien des épreuves et qui se consolident et se renforcent de jour en jour. La conférence des peuples indochinois de 1965 et la présente conférence au sommet des peuples indochinois contribuent grandement au renforcement et à la consolidation de cette amitié fraternelle et de cette solidarité de combat. Ces victoires des trois peuples indochinois sont aussi celles de la sympathie et du soutien larges et puissants des peuples du monde pour leur juste cause.

Malgré de lourdes défaites, les impérialistes américains, s'obstinant dans leurs desseins, n'ont pas abandonné leurs visées criminelles d'agression contre les peuples indochinois. Depuis l'avènement de Nixon, les Etats-Unis se sont employés de toutes leurs forces à "viêtnamiser" la guerre en vue de la prolonger et de perpétuer l'occupation militaire américaine au Sud Viêt-Nam: ils ont intensifié la "guerre spéciale" au Laos et lancé des attaques d'empiétement contre la région de la plaine des Jarres, Xieng Khouang et d'autres localités de la zone libérée au Laos où ils ont fait intervenir de nombreux mercenaires thaïlandais: avec la clique Lon Nol-Sirik Matak à leur solde, ils ont fomenté le coup d'Etat du 18 mars 1970 contre le peuple khmer et contre la politique du chef d'Etat Samdech Norodom Sihanouk, qui vise essentiellement à sauvegarder la paix, l'indépendance, la neutralité du Cambodge et à renforcer la solidarité et l'amitié entre les peuples indochinois. Le 20 avril dernier, le président des Etats-Unis Nixon, faisant preuve une fois de plus d'une grande obstination, a répété ses propos trompeurs de paix et a repris sa manoeuvre perfide concernant le retrait des troupes. En même temps, il a avancé des allégations impudemment tendancieuses concernant la lutte patriotique des trois peuples indochinois. Ces vieilles allégations et manoeuvres ne sauraient décidément pas ébranler la ferme détermination des peuples viêtnamien, cambodgien et lao de renforcer leur solidarité et d'intensifier le combat jusqu'à la victoire totale. Elles n'arriveront jamais à apaiser l'opinion publique américaine et mondiale qui condamne avec force la politique de Nixon de "viêtnamiser la guerre", de la prolonger et de l'étendre à toute l'Indochine et qui exige de l'administration Nixon le retrait rapide et total du Viêt-Nam des troupes américaines et la cessation de l'intervention et de l'agression contre les pays indochinois. De toute évidence, les impérialistes américains cherchent actuellement à tout prix à prolonger et étendre la guerre en Indochine, menaçant gravement la paix dans le Sud-Est asiatique et dans le monde. Stopper et briser résolu [354] ment toutes les menées et actions des fauteurs de guerre américains devient une exigence pressante de l'heure.

En cette heure historique, la Conférence au sommet des peuples indochinois appelle instamment les trois peuples à renforcer leur solidarité, à combattre avec héroïsme et ténacité, à consentir toutes les privations et tous les sacrifices avec la ferme détermination de vaincre les impérialistes américains et leurs laquais, défendre leurs droits nationaux sacrés, défendre les principes fondamentaux des accords de Genève de 1954 et de 1962, et faire en sorte que l'Indochine devienne vraiment une zone d'indépendance et de paix conformément aux aspirations des trois peuples et aux intérêts de la paix dans le Sud-Est asiatique et dans le monde.

Les parties cambodgienne, lao et sud-viêtnamienne affirment hautement leurs objectifs de combat: l'indépendance, la paix, la neutralité, l'interdiction de toute présence de troupes ou de bases militaires étrangères slip leur sol, la non-participation à une alliance militaire quelconque, l'interdiction de l'utilisation de leurs territoires par un pays étranger quelconque en vue d'une agression contre d'autres pays. Telles sont les aspirations profondes des peuples du Cambodge, du Laos et du Sud Viêt-Nam, conformes aux principes fondamentaux des accords de Genève de 1954 et de 1962 et à la situation générale de cette partie du monde. Le peuple de la République Démocratique du Viêt-Nam respecte pleinement ces aspirations légitimes et soutient de toutes ses forces la lutte pour ces nobles objectifs.

La Conférence s'est particulièrement intéressée à la situation actuelle au Cambodge. Elle exprime son soutien résolu à la lutte héroïque du peuple khmer qui, répondant à l'appel du chef d'Etat Samdech Norodom Sihanouk, se soulève dans tout le pays et mène une lutte acharnée, les armes à la main et sous d'autres formes, avec la ferme détermination de chasser la clique du coup d'Etat Lon Nol-Sirik Matak et de déjouer les menées d'agression des impérialistes américains. Elle exprime son plein soutien à la proclamation en cinq points du 23 mars 1970 du chef d'Etat Samdech Norodom Sihanouk. Elle condamne les massacres collectifs des civils sans défense, des Cambodgiens, des ressortissants viêtnamiens et chinois, par la clique fasciste et raciste Lon Nol-Sirik Matait dans le but de camoufler l'intervention et l'agression des impérialistes américains. Elle condamne avec force toutes tentatives des Etats-Unis et de leurs valets ainsi que des réactionnaires en Asie, d'abuser du nom de [355] l'O. N. U. ou d'une organisation ou conférence internationale ou asiatique quelconque pour légitimer le pouvoir illégal des réactionnaires Lon Nol-Sirik Matak et intervenir au Cambodge. Elle est profondément convaincue que la lutte dit peuple khmer pour un Cambodge indépendant, pacifique et neutre aboutira à une victoire glorieuse.

La Conférence exprime son soutien résolu à la vaillante lutte du peuple lao sous la direction du Front patriotique lao contre les impérialistes américains et leurs valets. Elle affirme son plein soutien à la déclaration en cinq points du 6 mars 1970 du Comité Central du Front patriotique lao. Les impérialistes américains doivent mettre fin à leur guerre d'agression, cesser complètement le bombardement du territoire lac, retirer du Laos toutes les troupes américaines et les troupes satellites thailandaises et laisser au peuple lao le soin de régler les affaires du Laos.

La Conférence exprime son soutien résolu à la lutte tenace et héroïque du peuple viêtnamien contre les impérialistes américains agresseurs et leurs valets et affirme son plein soutien à la solution globale en dix points du Front National de Libération et du Gouvernement Révolutionnaire Provisoire de la République du Sud Viêt-Nam. Les impérialistes américains doivent retirer du Sud Viêt-Nam rapidement, totalement et sans conditions les troupes américaines et les troupes des pays étrangers du camp américain et laisser le peuple viêtnamien régler lui-même ses propres affaires sans aucune ingérence étrangère.

Face aux manoeuvres perfides des Etats-Unis qui, avec la "doctrine Nixon", veulent faire combattre les Asiatiques par des Asiatiques, semer la division, provoquer des haines chauvines entre les trois peuples du Cambodge, du Laos et du Viêt-Nam, la Conférence appelle les trois peuples à redoubler de vigilance, à renforcer leur solidarité, à intensifier le combat contre l'ennemi commun - l'impérialisme américain et ses valets dans les trois pays - jusqu'à la victoire totale.

S'inspirant du principe que la libération et la défense de chaque pays sont l'oeuvre de son peuple, les différentes parties s'engagent à faire tout leur possible pour se prêter un soutien réciproque selon le désir de la partie intéressée et sur la base du respect mutuel.

Les parties affirment leur détermination à préserver et développer l'amitié fraternelle et les relations de bon voisinage eutre les trois pays, pour se soutenir mutuellement dans la [356] lutte contre l'ennemi commun, comme pour coopérer dans l'avenir et à long terme dans l'édification de chaque pays suivant, la voie qui lui est propre. Dans les relations entre les trois pays, les parties sont déterminées à appliquer les cinq principes de coexistence pacifique: respect mutuel de la souveraineté, et de l'intégrité territoriale, non-agression, respect mutuel du régime politique de chacun, et non-ingérence dans les affaires intérieures, égalité et avantages réciproques, coexistence pacifique. Les parties respectent les principes fondamentaux des accords de Genève de 1954 sur l'Indochine, reconnaissent et s'engagent à respecter l'intégrité territoriale du Cambodge dans ses frontières actuelles, respectent les accords de Genève de 1962 sur le Laos. Les parties affirment que tous les problèmes qui se posent dans les relations entre les trois pays peuvent être résolus par des négociations dans un esprit de respect mutuel, de compréhension réciproque et d'entraide.

Les parties conviennent que des rencontres auront lieu toutes les fois que ce sera nécessaire entre les dirigeants à l'échelon le plus élevé ou entre des représentants compétents pour des échanges de vues sur les problèmes d'intérêt commun.

La Conférence au sommet des peuples indochinois exprime sa gratitude sincère et profonde pour la sympathie et le soutien précieux des peuples du monde. La Conférence appelle les peuples et les gouvernements des pays socialistes, des pays épris de paix et de justice dans le monde et le peuple américain à s'élever avec force contre l'agression et l'intervention des impérialistes américains, à en exiger la cessation immédiate et à accorder un soutien accru à la juste lutte des trois peuples d'Indochine jusqu'à la victoire finale.

La Conférence exprime son plein soutien à la lutte des peuples du monde pour la paix, l'indépendance, la démocratie et le progrès social, contre les impérialistes américains agresseurs et bellicistes, contre toutes les formes de colonialisme ancien et nouveau, à la lutte des peuples d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine pour l'indépendance et la liberté, à la lutte du peuple chinois pour recouvrer Taiwan, territoire inséparable de la République populaire de Chine, à la lutte du peuple coréen contre les impérialistes américains agresseurs pour libérer le Sud du pays et réunifier la Corée, à la lutte du peuple arabe pour ses droits nationaux fondamentaux contre les agresseurs israéliens à la solde des impérialistes américains, à la lutte du peuple américain contre la guerre d'agression, contre la discrimination raciale, pour la paix et les véritables intérêts du peuple des Etats-Unis.

La Conférence estime que la situation actuelle est plus favorable que jamais pour les peuples indochinois dans leur lutte contre l'agression américaine pour le salut national. Jamais les impérialistes américains agresseurs n'ont connu autant d'échecs, de difficultés et n'ont été aussi gravement affaiblis et isolés qu'à l'heure actuelle. Les peuples d'Indochine luttent pour une juste cause, ils ont une ligne juste, ils sont animés d'une détermination inébranlable, ils ont forgé une solidarité indestructible; par ailleurs, ils possèdent des forces plus considérables et bénéficient d'une sympathie et d'un soutien plus vigoureux que jamais de la part des peuples du monde. La Conférence exprime sa ferme conviction que les trois peuples d'Indochine, sur leur lancée victorieuse, exploiteront à fond leur position d'initiative et d'offensive, poursuivront opiniâtrement et intensifieront le combat sur tous les plans et remporteront infailliblement la victoire totale.

Fait le vingt-cinq avril mil neuf cent soixante-dix en langues khmère, lao et viêtnamienne. Le texte en français servira de référence.

2. Déclaration de Mao Tsé-toung

A l'heure actuelle, un nouvel essor de la lutte contre l'impérialisme américain s'affirme à l'échelle mondiale. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, l'impérialisme américain et ceux qui sont à sa remorque n'ont cessé de se livrer à des guerres d'agression, ct les peuples ont toujours recouru à la guerre révolutionnaire pour vaincre les agresseurs. Le danger d'une nouvelle guerre mondiale demeure et les peuples du monde doivent y être préparés. Mais aujourd'hui, dans le monde, la tendance principale, c'est la révolution.

Les agresseurs américains ne pouvant gagner la guerre au Viêt-Nam et au Laos, ont fomenté le coup d'Etat réactionnaire de la clique Lon Nol-Sirik Matak, envoyé sans vergogne leurs troupes au Cambodge, et repris le bombardement du Nord Viêt-Nam, ce qui a suscité la résistance indignée des trois peuples indochinois. Je soutiens chaleureusement l'esprit de lutte de Samdech Norodom Sihanouk, chef de l'Etat du Cambodge, contre l'impérialisme américain et ses laquais; je soutiens chaleureusement la déclaration commune de la Conférence au sommet des peuples indochinois; je soutiens chaleureusement [358] l'établissement du Gouvernement Royal d'Union Nationale placé sous l'égide du Front Uni National du Kampuchéa. En renforçant leur unité, en se prêtant mutuellement aide et soutien, et en persévérant dans une guerre populaire de longue durée, les trois peuples indochinois pourront surmonter toutes les difficultés et arracher la victoire totale.

L'impérialisme américain, tout en se livrant au massacre à l'étranger, tue les Blancs et les Noirs dans son propre pays. Les violences fascistes de Nixon ont fait jaillir les flammes ardentes du mouvement révolutionnaire de masse aux Etats-Unis. Le peuple chinois apporte son ferme soutien à la lutte révolutionnaire du peuple américain. Héroïque au combat, le peuple américain sera vainqueur, et la domination fasciste aux Etats-Unis essuiera une défaite inéluctable, telle est ma conviction.

L'administration Nixon est assaillie par de multiples difficultés tant intérieures qu'extérieures: elle est aux prises avec un pays en plein chaos et est fort isolée dans le monde. Le mouvement de masse en protestation contre l'agression américaine au Cambodge se déchaîne à travers le monde. Moins de dix jours après sa formation, le Gouvernement Royal d'Union Nationale du Cambodge a été reconnu par près de vingt pays. La guerre de résistance des peuples viêtnamien, lao et cambodgien contre l'agression américaine et pour le salut national connaît une situation toujours meilleure. La lutte armée révolutionnaire des peuples du Sud-Est asiatique, la lutte des peuples de Corée, du Japon et des autres pays asiatiques contre la résurrection du militarisme japonais perpétrée par les réactionnaires américano-japonais, la lutte du peuple palestinien et des autres peuples arabes contre les agresseurs américano-israéliens, la lutte des peuples d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine pour la libération nationale ainsi que la lutte révolutionnaire des peuples d'Amérique du Nord, d'Europe et d'Océanie se développent toutes avec impétuosité. Le peuple chinois soutient fermement les trois peuples indochinois et les autres peuples du monde dans leur lutte révolutionnaire contre l'impérialisme américain et ses laquais.

L'impérialisme américain a l'air d'un colosse, mais il n'est en réalité qu'un tigre en papier, et il se débat désespérément. Au fond, qui a peur de qui dans le monde actuel? Ce ne sont pas les peuples du Viêt-Nam, du Laos, du Cambodge, de Palestine, des autres pays arabes et du reste du monde qui craignent l'impérialisme américain, c'est l'impérialisme américain qui craint les peuples du monde. Au moindre remous, il est pris de panique. Des faits innombrables prouvent qu'une cause juste bénéficie toujours d'un large soutien, tandis qu'une cause injuste en trouve peu. Un pays faible est à même de vaincre un pays fort, et un petit pays, de vaincre un grand pays. Le peuple d'un petit pays triomphera à coup sûr de l'agression d'un grand pays, s'il ose se dresser pour la lutte, recourir aux armes et prendre en main le destin de son pays. C'est là une loi de l'histoire.

Peuples du monde, unissez-vous, pour abattre les agresseurs américains et leurs laquais!

20 mai 1970.

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BIBLIOGRAPHIE SUCCINCTE


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Far Eastern Economic Review, Hong Kong, hebdomadaire.

Chronologies: on pourra consulter celle de W. Burchett (La seconde guerre d'Indochine), ainsi que celles du Monde sur le régime Sihanouk (20 mars 1970) et sur la crise (3 avril 1970).

 

 


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