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Le mirage de la diversité,
et du piège de l’immigration
d’après Ahmed Ben Bella

Par:

Pierre Dortiguier

Alors que les médias font emphatiquement l’éloge de l’immigration qui donnerait de la diversité à la France, les valeurs « républicaines et laïques » demeurant intangibles et placées en idôles, et que le ministre de la Justice Rachida Dati en fait le thème de ses interventions clubistes, le socialiste né au Maroc et rallié à l’Elysée Mohamed Abdi, co-fondateur et rédacteur de la revue trimestrielle « néo-conservatrice », « neo-cons », « Le Meilleur des Mondes » nous apprend, au numéro 3 de l’édition de l’Eté 2007, quel est pour lui le modèle idéal de la diversité enfin concrétisé hors d’Europe :.

C’est l’entité sioniste !

Nous comprenons ainsi l’horreur de cette clientèle sarkozyste devant la perspective d’une Turquie européenne qui étoufferait leur coexistence avec la colonie sioniste, en proposant à une Europe stérile qui n’est plus qu’un pourcentage fort réduit de la population de l’univers, le renfort de plus de cent millions de musulmans de la mère de l’Europe que fut l’Asie. « Tout ce que nous pensons et toutes les manières dont nous pensons ont leur origine en Asie » avertissait en 1865 l’ami de l’islamisme et le vulgarisateur dans les lettres françaises de l’histoire iranienne, le comte Gobineau « Les Religions et les Philosophies dans l’Asie centrale »,ch.1er).

L’américanisation de ce que Paul Valéry nommait « la péninsule de l’Asie » serait alors entravée par un renforcement du second pôle attractif de la Grande Europe après la communauté germanique continentale.

Moins de Turcs en perspective, de Turcs naturellement religieux - qui rejettent le kémalisme impie greffé sur eux comme nous avons rejeté l’épisode de la Révolution sans âme, - de Turcs d’une culture héritée de Byzance –dont ils prirent le drapeau- , politiquement et militairement organisés et nécessaires à l’alimentation de l’Europe en hydrocarbures d’Iran et d’Asie Centrale, comme le comprennent les Roumains, les Bulgares, les Suisses et les Autrichiens engagés avec eux, sans parler de l’Allemagne alliée à la Turquie depuis deux siècles, et plus d’immigrés choisis, plus de laïques aussi, tel est le slogan, pour ainsi dire, néo- franco-sarkozyste ! c’est-à-dire, des immigrés sélectionnés par ceux qui décident qui est bon ou mauvais, utile ou dangereux à leur propre et singulier parasitisme !

 Mais, dira-t-on, - ce Mohamed Abdi- , est bien le militant socialiste qui a fait campagne pour Ségolène Royal et qu’elle a choisi comme  « conseiller pour l’Islam et les relations étrangères avec les pays musulmans »(sic) , alors qu’il vient d’être condamné à deux ans de prison avec sursis pour détournement de fonds destinés à la formation professionnelle ; soit, mais il est « compagnon », pour user du vocabulaire de l’immoralité contemporaine, de Fadela Amara ministre sarkozyste de la ville qui est de mère européenne qu’on dit catholique, et justement, si Paris vaut bien une messe, selon le mot cynique du bon Roi Henri IV, un emploi dans la France de la « rupture » d’avec l’antisionisme même attiédi vaut bien, à son tour, un chaleureux éloge de la colonisation sioniste sur le cadavre de la Palestine : «  J’ai découvert Israël, ce pays que j’avais haï. A Tel-Aviv, j’ai su ce qu’était la diversité. J’en avais les larmes aux yeux. Pas la moindre pression raciste » lisons-nous dans l’entretien. C’est parler en citoyen de quelle cité ? Celle de Dieu ou de Satan ?

On note que si d’aventure- et ils accroîtront leur nombre- des Sionistes quittent le bâteau d’Israël et se convertissent même au Christianisme anglican, comme, parti du Maroc avec sa famille, l’illustre technicien atomiste Mordechaï Vanunu tant maltraité qui avertit le monde de la menace nucléaire sur le site de Demona, en est l’exemple, un émigrant marocain quadragénaire épanoui dans la « France d’après » Villepin et Chirac, comble déjà les rangs clairsemés des anciens Israélites qui ont perdu la foi sioniste !

En réalité nous étions trop naïfs de ne pas nous poser la questions : où émigrent ceux qui laissent ainsi leur patrie ? Nous le savons ! Ils vont au pays de la diversité dont Israël est le centre et les rayons partout où il y a à prendre, à calomnier et à briser l’honneur des ancêtres. 

Certains trouveront contradictoire d’être à la fois sioniste et antiraciste, socialiste et israélien, sauf à tenir compte du fait que travaillistes israéliens et sociaux-démocrates soient longtemps restés unis et complices au sein de la même Seconde Internationale, que Léon Blum, modèle et de Ségolène et de Sarközy, était colonialiste et sioniste enragé, que Louis dit George Mandel-Rothschild(1886-1944), fils naturel de George Clémenceau, fut l’impitoyable ministre des Colonies sous la majorité Front Populaire du Parlement de 1938 à 1940 ! Et comment donc s’est offerte cette vision qui a tiré les larmes de notre arnaqueur devenu spahi marocain sous le drapeau socialiste sioniste ? « Qu’est ce donc que cet esprit d’Israël qui doit refleurir là-bas ? » demandaient aussi en 1927, deux Académiciens, les frères Tharaud évoquant, sans y croire, l’esprit prophétique qu’il était alors de bon ton de confondre, pour l’idéaliser, avec l’agression sioniste s’enveloppant des couleurs de l’Union Jack et accomplie par des gens sortis aussi des plis du drapeau rouge.

Mais une réflexion se fait jour : « Par là deux mouvements qu’on pouvait croire contradictoires, l’internationalisme tel qu’on le comprend à Moscou, et qui est pour beaucoup une création d’Israël, et le nationalisme palestinien » – ainsi que les Sionistes menteurs désignaient avec un aplomb grotesque leur mouvement -[ le Président de la République Alexandre Millerand (1859-1943) avait fondé dans les années vingt une association « France-Palestine » devenue Société France- Israël après l’usurpation étatique de 1947, sous le patronage du général König adversaire en 1967 de la politique de De Gaulle et qui fit défiler durant la guerre de Lybie, à Bir-Hakeim , bannière en tête, la brigade sioniste ! Il faut bien savoir, en effet, pour quoi l’on se bat ! !-] «se rejoignent dans une pensée profonde. Ils se relient par cette idée commune, la plus ancrée en Israël que la race juive est une race élue, chargée de conduire l’humanité vers ses fins les meilleures. » (Jérôme et Jean Tharaud, « Petite histoire des Juifs »,Paris,Plon,p.268-9)

Les nouveaux Français seraient-ils, étant issus de pays colonisés, imprégnés d’ habitudes serviles réactivées par le despotisme néo-colonial, à la recherche d’un nouveau maître ? Et est-ce le refus de l’indépendance qui causerait toutes les attitudes qui nous surprennent chez ces compatriotes de martyrs tombés pour leur cause nationale et religieuse ?

Est-ce ce qui a poussé ce conseiller de Ségolène et sarkozyste par concubinage, de demander au parti socialiste au début de la campagne électorale et notamment pendant le séjour de la candidate en Palestine occupée, de se prononcer contre le nucléaire civil de l’Iran ?

Dans une conférence sur l’Islam comme force libératrice tenue à Genève, les 10 et 11 mars 1986, Ahmed Ben Bella a défini le sens du combat de l’indépendance nord-africaine : il s’agissait, dit-il, « de sauver notre être profond ».

L’émigration met cette sauvegarde de l’être en danger.

L‘émigrant apparaît comme celui qui , pour user d’un mot de philosophie, à l’âge du Nihilisme pour lequel les valeurs sont indifférentes, perd son être. Or ce dernier, l’être, ne s’acquiert pas, il se donne par la voix de l’origine qui est la volonté de Dieu même.

C’est cet échec ou ce danger de la politique d’émigration dans les pays colonisateurs que l’illustrissime dirigeant nord-africain dénonce, dans un conférence tenue à Genève, les 10 et 11 mars 1986, en mettant en évidence le terreau d’où pousseront des plantes vénéneuses comme le deviennent ces doublement rénégats de l’arabité et de la foi, en bref, de la communauté, qui ne s’épanouissent que dans les serres chaudes du Sionisme, dans les ruines de « l’esprit qui constamment nie tout », pour parler comme le démon dans le premier Faust de Goethe !

Ils ne vivent que dans un Enfer interminable, en bute, non pas exactement à l’exclusion, ainsi qu’on ne le dit superficiellement que trop, mais plus exactement au mépris, ce qui n’est pas assez examiné, de peur d’en découvrir les racines.

Le régime politique qui lâche ses concitoyens pour les expédier à l’étranger, a dit alors l’ex Président de l’Algérie Ahmed Ben Bella, « semble tout faire pour que la majorité des émigrés retournant épisodiquement au pays à l’occasion des vacances, ou celles des jeunes qui y viennent effectuer leur service militaire, déclarent à leur retour : « Plus jamais l’Algérie ». .Ce que traduit clairement à sa façon, le langage du président de l’amicale des Algériens en France qui sait ce que parler veut dire, en déclarant à l’hebdomadaire Le Point : « Que les Beurs se souviennent un jour qu’ils ont été Algériens comme certains Québécois se souviennent qu’ils ont été Auvergnats ou Bretons. »Nous disons non ! », insiste Ben Bella , « L’émigration est affaire de dignité, d’abord, d’intelligence ensuite. Elle constitue une chance inestimable pour notre pays et, dans sa grande majorité, elle retournera dans une Algérie démocratique qui saura lui réserver une place de choix dans la construction du pays. » (Ahmed Ben Bella, « L’Islam et la Révolution Algérienne » paru dans le bulletin « Le Changement », le 1er juillet 1987, quelques jours avant le 25ème l’anniversaire de l’indépendance d l’Algérie, et réimprimé aux Editions Alternatives, 1989, pp.83-84.)

Il y a, en conclusion, une protection et une sécurité de l’immigrant qui lui permet d’accomplir sa double tâche, au sein de l’Etat qui l’accueille et lui assure une rétribution juste de son travail et le punit, comme il le récompense, et aussi au sein d’un Etat plus vaste qui est l’avenir de sa progéniture, de sa moralité et de sa foi religieuse qui est l’Etat de ses pères et de sa lignée. C’est cet Etat qui l’accompagne et le protège corps et âme. Les illusions matérielles ont surestimé le premier et portent à oublier le second.

Le lecteur aura relevé avec nous la belle expression «  affaire de dignité, d’abord» dans la définition de la nature de l’immigration opposée par Ahmed Ben Bella aux lubies du jour néo-colonial.

L’esprit poètique et religieux du chef algérien est trop intéressé à philosopher, comme le montrent ses propos sur « la filiation intellectuelle maudite  de Hobbes à Marx etc » (voir dans le périodique du Mouvement Démocratique Algérien, El Badil,l’article de mai 1986, et la citation qui est pertinemment faite de notre concitoyen Michel Serres sur le rationalisme mortifère, tout au long de son exil germanique, pour que ne lui reviennent à l’esprit les deux vers que le poète et penseur de cette nation chère à son coeur et aux attentes jadis de tous les patriotes de l’Etoile Nord-Africaine( fondée en 1926 par petit fils de l’émir Abd-el-Kader, l’émir Khaled), le vieux Goethe envoie à sa propre patrie, au travers d’un de ses représentants politiques, en 1828 :

Ce n’est qu’en s’appropriant au merci

Que la vie est digne d’estime.

Les acquis de la révolution islamique d’Iran

Sarkozy, cent jours après

Le piège de l’immigration
 
Le programme nucléaire civil iranien

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