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Léon Degrelle

( 15-6-1906 à Bouillon en Belgique- 31-3-1994 à Malaga en Espagne)
Qu´importe de souffrir si on a eu dans sa vie quelques heures immortelles.Au moins, on a vécu!

L’enfer russe

Qu´importe de souffrir si on a eu dans sa vie quelques heures immortelles. Au moins, on a vécu!

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Où qu’on fût, le drame serait identiquement atroce, de décembre 1941 à avril 1942, sur les trois mille kilomètres d’étendue du front russe, de Petsamo à la mer d’Azov. Nous, volontaires étrangers, perdus comme les Allemands dans ces steppes affreuses, en étions réduits aux mêmes extrémités : mourir de froid, mourir de faim, lutter quand même. Mes camarades belges et moi, nous débattions alors dans les neiges du Donetz. Partout, la bise hurlante. Partout, des ennemis hurlant. Les positions étaient taillées à même des blocs de glace. Les ordres étaient formels : ne pas reculer. Les souffrances étaient indicibles. Indescriptibles. Les petits chevaux qui nous apportaient des œufs gelés, tout gris, et des munitions tellement froides qu’elles brûlaient nos doigts, étoilaient la neige d’un sang qui leur tombait des naseaux, goutte à goutte. Les blessés étaient gelés, aussitôt tombés. Les membres atteints devenaient, en deux minutes, livides comme du parchemin. Nul ne se fût risquer à uriner au dehors. Parfois le jet lui-même était converti en une baguette jaune recourbée. Des milliers de soldats eurent les organes sexuels ou l’anus atrophiés pour toujours. Notre nez, nos oreilles étaient boursouflés comme de gros abricots, d’où un pus rougeâtre et gluant s’écoulait.

C’était horrible, horrible. Rien que dans notre secteur des crêtes centrales du Donetz plus de onze mille blessés périrent en quelques mois dans la misérable école où, coupés de tout par des neiges qui atteignaient jusqu’à quatre mètres de hauteur, des médecins militaires, titubant de fatigue, amputaient des centaines de pieds et de bras, recousaient les ventres crevés, contenus dans des blocs de sang et d’excréments gelés, carapaces luisantes de matières rougeâtres et verdâtres, pareilles à des plantes emmêlées au ras d’un aquarium pétrifié.

L’évacuation, depuis nos postes de combat jusqu’à cette clinique atroce, de ces blessés étendus à tous vents, se faisaient sur de petites charrettes de paysans russes. Les corps étaient à peine protégés par un peu de chaume arraché aux toits des dernières isbas. Le transfert durait parfois plusieurs jours.

Les morts ne s’enterraient plus depuis longtemps. On les recouvrait de neige comme on pouvait. Ils attendraient les dégels pour recevoir une sépulture. Une vermine déchaînée nous dévorait vivants. Dans nos uniformes crasseux, ces poux gris, aux petits œufs brillants comme des perles, étaient encastrés les uns derrière les autres, comme des grains de maïs. Un matin, à bout d’exaspération,, je me déshabillai malgré le froid : j’en tuai sur moi plus de sept cent.

Mais nos vêtements eux-mêmes n’étaient plus que des loques. Notre linge de corps, devenu brunâtre, s’était effiloché de semaine en semaine. Il avait fini en pansements d’urgence de blessés. Des soldats devenaient fous, couraient en criant droit devant eux, dans les neiges sans fin. A chaque corps à corps de bataillon, quatre, cinq, six hommes s’enfuyaient ainsi. La steppe les engloutissait vite. Jamais, je crois, nulle part au monde, tant d’hommes n’ont souffert autant.

Ils tinrent bon, malgré tout. Une retraite générale à travers ces interminables déserts blancs et dévorants eût été un suicide. Le refus d’Hitler, envoyant au diable ses généraux paniqués qui réclamaient un repli de cent, deux cent kilomètres, sauva l’armée, on ne le répétera jamais assez. Dans des froids de 40° et 50° sous zéro, et sous des tornades de neige qui culbutaient tout, à quoi une marche en arrière eût-elle pu bien conduire ? La plupart des hommes eussent péri en route, comme périt l’armée de Napoléon qui, elle, n’avait pas fait marche en plein hiver, mais en octobre et en novembre, c’est-à-dire en automne. Et Napoléon se retirait le long d’un seul axe routier et non en arrière de trois mille kilomètres de front, à travers des steppes noyées dans un gigantesque mystère glacial. Pourtant, des centaines de milliers d’hommes que Napoléon avait entraîné avec lui dans sa retraite, quelques milliers seulement survécurent.

Alors, que fût-il advenu des troupes allemandes englouties dans des immensités de neige, en janvier et en février 1942, au moment les plus terribles des gels ? …

Pour une simple opération de liaison, un jour de janvier 1942, nous dûmes employer dix-sept heures à franchir quatre kilomètres, en nous taillant dans la neige, à la pelle et à la hache, un couloir profond. L’unique chasse-neige fourni à notre secteur avait été stoppé par des murailles de glace. Il n’était jamais parvenu à les rompre, malgré des efforts furieux.

Et même, eussions-nous pu, au prix des plus terribles souffrances, opérer, en deux ou trois semaines, un repli de cent ou deux cent kilomètres, qu’y aurait-il eu de changé ? Y aurait-il eu cinq centimètres de neige de moins ? Un degré de froid de moins ? Une grande partie de l’armée eût péri en se retirant. Le reste se fût retrouvé dans une situation encore plus effroyable, vidé de ses dernières forces physiques et morales par un tel effort, avec, en moins, son matériel défensif laissé sur place ou abandonné en route. Contre ses généraux, Hitler avait raison. Il fallait s’enterrer n’importe comment, se protéger n’importe comment. Encaisser tout, supporter tout, souffrir tout, mais survivre ! Et même foncer vers l’ennemi si, coupés des arrières, on devait absolument trouver un peu de nourriture ou un vaste gîte.

Car eux, les Russes, gens des neiges, non seulement étaient, physiquement, plus rudes que nous et avaient l’habitude des froids affreux de ces climats, mais ils savaient, depuis des siècles, comment y résister. Ils possédaient l’art de fabriquer des abris contre le froid, autrement protecteurs que nos pauvres refuges maladroitement improvisés.

Certains de leurs camps de neige étaient des hameaux semi-souterrains pour tribus mongoles. Les petits chevaux nerveux gîtaient parmi ces moujiks militarisés, costauds, trapus, les yeux bridés à force de fixer les neiges, les pommettes jaunes de graisse grossière dont ils se barbouillaient, et qui les réchauffait. Leurs pieds, dans leurs bottes de feutre, étaient enroulés dans de grosses bandes de molleton. Leurs uniformes, doubles ou triples, étaient boudinés de toutes parts, comme des beignets soufflés. La bise n’y pénétrait pas. ils vivaient ainsi depuis toujours. Et cet hiver particulièrement atroce ne les surprenait pas exagérément. Défendus de la sorte contre l’hostilité de la nature, ils purent même se livrer à des opérations offensives violentes, au sud comme au nord.

Il nous fallait alors contre-attaquer, reprendre les steppes perdues. Nous reconquérions des villages détruits. Nous taillions, devant les murs noircis des isbas, des parapets de blocs de glace. Des kilomètres de neige séparaient nos nœuds de résistance. L’ennemi s’infiltrait partout. Les corps à corps étaient effrayants. Dans la seule journée du 28 février 1942, dans une bourgade détruite nommée Gromowaja-Balka (Vallée du Tonnerre !), et où notre bataillon résistait depuis huit jours à l’assaut de quatre mille Russes, nous perdîmes dans une empoignade effroyable qui dura de six heures du matin jusqu’à la nuit, la moitié de nos camarades. Nous nous défendions désespérément parmi les cadavres des chevaux sur lesquels les balles résonnaient comme sur du cristal. Les Russes avançaient en rangs serrés, drapés dans leurs longs manteaux violâtres. Sans cesse, des vagues nouvelles surgissaient, que nous fauchions sur les étangs gelés.

L’hiver russe fut ainsi. Pendant sept mois, tout ne fut que blancheur aveuglante. Le froid rongeait les corps. Les combats limaient les dernières forces. Puis, un matin, le soleil apparut, tout rouge, au-dessus des coteaux blancs. Les neiges descendirent petit à petit le long des hauts poteaux, coiffés de bottes de paille, qui avaient signalé les pistes jusqu’au jour où ces sommets touffus avaient été submergés. Des eaux brunâtres dévalèrent avec impétuosité de toutes les collines, s’amassèrent dans la vallons. Un moulin se remit à tourner dans le ciel bleu. Le calvaire de centaines de millions de soldats allemands et non allemands du front russe avait pris fini. La tragédie de l’hiver était terminée.

Mais c’est la conquête de la Russie qu’il fallait reprendre. Or la tactique de guerre d’Hitler était basé non seulement sur une stratégie nouvelle – blindés et aviation de rupture fonçant en commun et en masse – mais sur l’effet de surprise.

En 1942, il ne serait plus possible de compter sur cet effet de surprise. Staline connaissait désormais cette méthode. La supériorité d’initiative était donc perdue. L’intervention stratégique d’Hitler avait été géniale : la Blitzkrieg, c’est-à-dire la guerre-éclair, l’irruption foudroyante dans les arrières de l’ennemi, la rupture massive de ses lignes en des points précis où était jeté, sans crier gare, l’essentiel des forces. Le bélier était constitué par la masse énorme des chars, devant lesquels l’artillerie des Stukas, semant l’effroi, mettait tout en pièces, ouvrait des voies de passage.

En Pologne, en Hollande, dans le Nord de la France, en Yougoslavie, cette formule nouvelle de guerre l’avait emporté parce que, dans chacun de ces pays, c’était la première fois qu’elle était employée, permettant aux pinces géantes, de fer et de feu, de s’engouffrer et de se refermer dans le dos de l’adversaire, coincé, démoralisé, anéanti en un tournemain. En quelques jours, cent mille, deux cent mille hommes étaient pris.

C’est cette même formule qu’Hitler avait rééditée en 1941 en faisant irruption à travers la Russie, réussissant les mêmes percées, les mêmes coups de filet, mais à une échelle fabuleuse, notamment en Ukraine et au Donetz. En quatre mois, plusieurs millions de prisonniers, des milliers de canons et de chars avaient été dénombrés. Mais l’Oural était plus loin que les Pyrénées ! Il eût fallut s’y précipiter plus tôt. Ou bien pouvoir, grâce à une force très supérieure de blindés, mener deux ou trois fois plus d’opérations d’encerclement au lieu de devoir courir avec les mêmes forces, limitées, du nord au sud et du sud au nord. Le gel avait devancé Hitler, lui était tombé dessus avec ses quarante et ses cinquante degrés sous zéro, plus fort que l’acier de ses divisions blindées et que la volonté de ses audacieux chefs de Corps. En 1942, il fallait donc remettre ça, sans plus compter que l’on pourrait surprendre encore un adversaire désormais averti.

Au surplus, Staline qui, lui aussi, était un génie à sa manière, un génie élémentaire, qui plongeait chaque jour sa volonté dans le sang des autres pour la revivifier, Staline avait eu le temps, non seulement de déceler les secrets de la stratégie hitlérienne qui avait failli le briser, mais de lui trouver une parade. Elle était simple : gagner du temps ; gagner les mois, les années, pendant lesquels il pourrait former des armées nouvelles, puiser, sans pitié quelconque, dans le réservoir de deux cent millions d’habitants de l’U.R.S.S., forger à son tour des dizaines de divisions de chars qui, un jour, surclasseraient de façon écrasante – vingt mille chars contre quelques milliers – les forces blindées qui avaient assuré les triomphes foudroyants d’Hitler, de l’automne 1939 à l’automne de 1942.

Hitler, à l’été de 1942, récolterait encore des victoires très spectaculaires entre le Don, la Volga et le Caucase. Mais les tentatives de grands encerclements n’aboutiraient plus. Comme le taureau qu’on ne peut surprendre deux fois, le Russe avait décelé les pièges et il leur échapperait chaque fois à temps.

La dernière erreur soviétique fut commise en mai 1942. Et elle acheva de mettre Staline en garde. Ses troupes s’étaient payé le luxe de prendre, prématurément, l’initiative. Peut-être cherchaient-elles à désorganiser la masse offensive allemande qui était en train d’opérer ses préparatifs pour prendre, au sud, son élan ? En tout cas, nous fûmes, aux premiers jours de mai 1942, sur le point d’être submergés, dans le Donetz, par l’avalanche énorme de troupes soviétiques s’élançant de la région de Kharkov vers le Dniepr et Dniepropetrovsk.

Elles enfoncèrent le front allemand, se ruèrent devant elles. Mais elle couraient sans plus. Courir ne suffit pas pour détruire. Les Russes n’avaient pas encore saisi exactement le mécanisme des pinces d’encerclement. Nous les laissâmes se perdre dans le vide. Les divisions allemandes et les volontaires étrangers, belges, hongrois, roumains, croates, italiens, ne s’affolèrent pas. tous resteraient exactement collés aux flancs de la percée ennemie. Ils se refermèrent dans ses arrières lorsqu’elle se fut enfoncé beaucoup trop loin, et de façon primitive. De nouveau, comme en 1941, des centaines de milliers de Russes furent faits prisonniers. Aucune de leurs unités ne put s’échapper. Nous étions massés sur les deux côtés et dans le dos de la masse soviétique prise dans nos rêts.

Ce fut pour les Russes un grand désastre, que compléta Hitler en mettant à profit cette terrible saignée des Soviets pour se jeter sur Orel, ouvrant ainsi à ses troupes la route des plaines du Don, de Stalingrad et du Caucase.

Staline s’était définitivement rendu compte qu’il était loin d’égaler tactiquement son vainqueur. Il ne se risquerait plus à l’attaquer à fond avant que ses forces ne fussent devenues très supérieures à celles du Reich.

Alors, seulement, elles pourraient compenser, par le nombre, la supériorité tactique des armées blindées d’Hitler, encore écrasante au printemps de 1942, mais qui s’amenuiserait au fur et à mesure que les jeunes chefs de l’Armée rouge, dégagés de l’ignorance routinière de leurs aînés, s’assimileraient, à force de temps, d’acharnement et aussi de revers analysés avec intelligence, la stratégie qui avait fait Hitler vainqueur et qui finirait par le convertir en vaincu.

On put croire, à l’été 1942, qu’Hitler, se lançant vers l’extrémité sud de la Russie soviétique, allait, cette fois, achever pour de bon le colosse russe. Les trouées de juillet et août 1942 avaient été absolument impressionnantes. Nous-mêmes, qui y participions, étions grisés. Nous chevauchions à travers les plaines magnifiques du Don, où des millions de plants de maïs et de tournesols, hauts de trois mètres, s’étendaient jusqu’au bout du ciel doré. Nous franchissions à la nage, mitraillette au cou, les fleuves verts, larges d’un kilomètre au pied de collines surmontées d’antiques tombeaux tartares et festonnés des pampres des raisins mûrissants. Nous progressions de trente, de quarante kilomètres chaque jour. En quelques semaines, l’aile gauche de l’offensive était arrivée à proximité de Stalingrad.

A l’aile droite, nous avions, nous, franchi le Don, atteint les grands lacs du Manich, étoilés, la nuit, des millions de marguerites irréelles jetées par la lune sur les flots. Des chameaux dessinaient leurs bosses pelées, râpées comme du vieux cuir. Un tourbillon de poussière, long de dizaines de kilomètres, signalait les colonnes de chars que suivaient des milliers de jeunes fantassins au col ouvert, chantant à tue-tête dans l’été brûlant. Au début d’août, au-delà des eaux bondissantes du fleuve Kouban, se dressèrent devant nos regards éblouis les pics géants du Caucase, aux sommets blancs, brillants comme des vitres. Dans les clairières des premières forêts, devant des huttes de bois perchées sur pilotis – pour se protéger des loups, l’hiver – des Arméniennes trayaient des bufflonnes gigantesques, au cou pendant comme un boa gris. Nous avions avancé durant plus de mille kilomètres ! Nous étions arrivés aux frontières de l’Asie ! Qui nous arrêterait encore ?

Pourtant, en réalité, nous n’étions arrivés nulle part car, si nous avions conquis le sol, nous n’avions pas saisi au collet l’adversaire. Celui-ci avait fui avant d’être pris dans nos encerclements. Partout, il s’était évanoui. Nous croyons même qu’il n’existait plus. Il ne s’arc-bouterai au sol que lorsque nous serions arrivés presque à la fin de notre course, terriblement loin de nos bases, réduits numériquement : blessés, éclopés, malades atteints de dysenterie avaient été laissés en cours de route, très nombreux. L’été allait finir. C’est alors seulement que les Russes firent face, au moment où les premières pluies de l’automne s’abattirent par énormes paquets. Une deuxième fois, l’hiver russe allait-il tout stopper ? Nous faire tout rater ?

Lucide, ayant enfin compris qu’une saignée pareille à celle de 1941 compléterait sa perte, Staline avait veillé avec un soin extrême à ne plus laisser ses troupes se faire coincer nulle part. mieux valait pour lui perdre mille kilomètres que cinq millions d’hommes, comme l’année précédente. L’espace, à la guerre, est un accordéon. Il va, il revient.

Nous n’étions parvenus à conquérir que l’air doré de l’été et un sol nu. Les rails des lignes de chemins de fer avaient été sectionnées tous les dix mètres. Les usines avaient été vidées de leur matériel, jusqu’au dernier établi et jusqu’au dernier boulon. Les charbonnages brûlaient partout, fabuleuses masses orangées qui rendaient fous nos chevaux. Il ne restait, dans les villages, que des vieux paysans tout courbés, des paysannes pieuses et bonasses, de beaux petits gosses blonds jouant près des puits de bois. Sur les places publiques, seules nous attendaient les statues horribles, toujours les mêmes, en ciment vulgaire, d’un Lénine en veston de petit bourgeois et aux yeux d’Asiate, ou d’une sportive mamelue, aux cuisses massives comme des bûches de béton.

La seule résistance sérieuse, nous ne la rencontrâmes que trop tard, tout à la fin, juste au moment où il eût fallu clôturer la conquête en enlevant les puits de pétrole devant la frontière de Perse – objectif réel de notre offensive vers le sud -, tandis que Paulus eût dû rejeter définitivement les Russes de l’autre côté de la Volga, devenue frontière de l’Europe. Mais là aussi les Soviets s’étaient soudain arc-boutés.

J’ai connu, comme tant d’autre, l’effort désespéré de ces dernières semaines, ces semaines où nous sentîmes, pour la première fois, que, peut-être, la victoire, c’est-à-dire la Russie, nous échappait. Nous avions atteint, à cent kilomètres de l’Asie turque, des monts élevés et sauvages, aux forêts de chênes inexploitées, où on n’avançait plus qu’à coups de hachette, criblées d’obstacles, noyées par les pluies d’automne. Les chars ne passaient plus. Les bêtes ne passaient plus, ou elles crevaient de faim, flagellées par les rafales. Nous nous faufilions à grand-peine dans ces bois spongieux, à la végétation éternelle, barrés de buissons épais et piquants de milliers de prunelliers sauvages. Là, les Russes étaient rois, ayant préparé leurs repaires bien à temps, aux aguets dans les épaisses broussailles, ou installés à califourchon dans les ramures de l’énorme forêt. Ils nous tendaient mille traquenards, nous canardaient, invisibles, partout présents.

Les pluies, mêlées des premières neiges, s’abattirent en ouragan. Elles coupèrent, derrière notre dos, les ponts de madriers que nous avions jetés sur les torrents lors de notre avancée. C’est par eux, par eux seuls, qu’eussent peu encore nous parvenir un ravitaillement de fortune et quelques munitions. Réduits à nous-mêmes, nous vivions de la viande crue des chevaux crevés depuis une ou deux semaines et que les eaux bouillonnantes rejetaient dans les courbes des torrents. Avec nos couteaux, nous les réduisions en une espèce de pâtée noirâtre.

La jaunisse transformait en spectres les soldats : rien que dans notre secteur, face à Adler et à Tuapse, douze mille ictériques furent évacués en une semaine. Notre Légion, comme nombre d’autres unités, n’était plus que l’ombre d’elle-même, réduite au septième de ses effectifs ! Décharnés, nous étions juchés à plus de mille mètres de hauteur sur des pics balayés par les tempêtes, sous les arbres tordus par les tornades automnales. Les Russes grimpaient la nuit, de souche d’arbre en souche d’arbre, jusqu’à nos repaires gorgés d’eau, qui jalonnaient notre ligne de crête. Nous les laissions approcher jusqu’à deux ou trois mètres. Dans l’ombre, nous nous livrions à des combats atroces. Les tirs de barrage, le jour, étaient tels que les cadavres de la nuit devaient rester accrochés dans le vide à des racines, jusqu’à ce que la tête se détachât, au bout de deux ou trois semaines, et qu’il ne restât plus, sous nos yeux hagards, que des vertèbres grises jaillissant de la veste, superposées comme des colliers de négresses.

Peu d’entre nous n’avaient pas été blessés. J’avais eu l’estomac crevé et le foie perforé. Qu’eussé-je pu faire d’autre que de rester parmi mes hommes au bord de la dépression ? Nous n’étions plus, affamés, hirsutes, que des épaves humaines. Comment, dans cet état, passerions-nous un deuxième hiver lorsque les neiges auraient recouvert la chaîne entière des monts et tout l’arrière-pays ?

C’est alors, le 19 novembre 1942m à cinq heures du matin, à l’autre extrémité du front du Sud, au nord-ouest de Stalingrad, à la tête de pont de Kremenskaja, sur le Don, que des milliers de canons soviétiques rugirent, que des milliers de chars s’élancèrent à travers les positions de la Troisième et de la Quatrième Armées roumaines. Une semaine plus tard, deux cent trente mille soldats allemands auraient été rejetés vers Stalingrad, dans un encerclement qui n’était pas plus grave, en réalité, que vingt encerclements où les Russes s’étaient fait prendre précédemment, qui eût même pu être rompu, mais que l’impéritie et l’apathie du fonctionnaire tatillon qu’était le général Paulus, convertirait, en quelques semaines, en désastre. La Deuxième Guerre mondiale arrivait à sa grande cassure. L’Allemagne invincible d’Hitler avait été vaincue pour la première fois. Elle venait de basculer sur la pente de la défaite. La chute se prolongerait pendant près de mille jours, avant que le dernier cadavre, celui d’Hitler, ne grillât à Berlin, sous deux cent litres d’essence, dans le jardin noirci de la Chancellerie.
Léon Degrelle

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par: Léon Degrelle


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